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Ambiance

Les discussions sont parfois électriques sur les forums entre métropolitains "zoreilles", calédoniens blancs et kanaks, reflets de l'ambiance sur le caillou. On entend beaucoup moins les polynésiens et les asiatiques, qui semblent se formaliser moins facilement des jugements hâtifs.
Je fais exprès cette faute grossière et répandue: parler d'une ethnie dans son ensemble, ce qui est particulièrement stérile et expose vite à des propos racistes.
Rappelez-vous vos premiers cours de mathématiques et la théorie des ensembles, ces grandes bulles qui se recoupaient sur de petites zones. Les gens c'est pareil. Notre bulle personnelle se positionne en fonction de nos références culturelles: mode de vie, carrière professionnelle, religion. Cette bulle va recouper plus ou moins celles des gens qui nous entourent. La bulle kanak a moins de chances de recouper celle d'un zoreille que d'un autre kanak. Ses références sont autres. Son rapport à la terre est religieux tandis que celui du zoreille est (dans le meilleur des cas pour la terre!) écologiste.
Alors, incompatibles, ces références? Heureusement non, car pour chaque individu intervient avant tout le degré d'achèvement personnel. Voyez cela comme le diamètre de notre bulle personnelle. Prenez en compte également notre degré de rigidité, qui fait rebondir les bulles des autres ou laisse au contraire pénétrer la nôtre. La peur, la haine de la différence, le manque d'assurance, les difficultés matérielles, rétrécissent nos bulles. L'affection de nos parents et se mettre à réfléchir un peu est ce qui les élargit le plus. Nous avons besoin d'apprendre à nos cerveaux réticents de nouveaux signes mathématiques d'inclusion et d'exclusion, et trouver une équation qui ne nous pourrisse pas trop la vie!
Nous allons par commodité parler des métros, caldoches et kanaks, alors qu'il faudrait dire "métropolité", "kanacité", pour désigner ces pôles d'attraction qui attirent nos bulles personnelles. Bien d'autres pôles existent dans la francité, dont les fameux "liberté" "égalité" "fraternité" qui ornent le fronton, et sont susceptibles d'attirer la sympathie d'autres ethnies que le blanc en Calédonie.
 

Il est bizarre ce métro...

Pour expliquer les difficultés entre communautés, il faut comprendre le contexte dans lequel les zoreilles viennent outremer. LES contextes, et vous vous sentirez sans doute enclin à définir le vôtre, mais listons les plus fréquents:
-Le fonctionnaire en poste temporaire, attiré par le climat, les loisirs et les rémunérations élevées. Il transpose son mode de vie dans le pays d'accueil, souhaite des services identiques, recherche le même entourage, la même éducation pour ses enfants que chez lui. C'est un petit bout de France qui est déposé par container et remporté au bout de 3 ans. Des gens extrêmement ouverts et sympathiques sont dans cette catégorie. Mais la sélection par l'incitation financière est critiquable (débat détaillé ici). C'est une erreur pour certains: conjoint moins motivé ou qui perd son boulot, tensions familiales décompensées par le changement de vie et la perte de l'entourage habituel, ados qui préfèrent les boîtes de nuit aux sorties nature. Il est facile de mettre les difficultés sur le dos du pays hôte. La marche arrière n'est pas facile. Mais le système lui-même est à réformer: le caractère forcément limité du séjour n'incite pas vraiment à l'intégration.

... pourquoi on n'a pas ceux-là?

-Le touriste métropolitain a souvent de la famille sur place et peut rester des périodes assez longues. Il n'est pas un touriste comme le japonais ou l'australien: il visite un bout du territoire national et pourrait avoir envie de s'y installer. Et pourquoi pas? Au moins il est venu voir de quoi ça a l'air, la Calédonie, avec son propre argent, et non pas avec l'envie d'en gagner... Il peut rendre caricatural le discours de son parent installé sur place, discours critique si le parent est mal dans sa vie, ou idyllique s'il cherche à rapatrier toute sa famille!
-L'expert est en visite pour des périodes encore plus brèves. Il rend tout le monde très sage. Ses vélléités d'installation sont très faibles, il ne piquera un boulot à personne. On a envie qu'il revienne parce qu'il rend bien service. On ne va pas lui parler des sujets qui fâchent.
-Le retraité augmente la colonie nouméenne. Mais on ne va pas refuser ces réfugiés d'un nouveau genre: en métropole ils se font tabasser pour un sac à main, ou abandonner dans les maisons de retraite.
-Le libéral ou le commerçant qui s'installe, le salarié non fonctionnaire: plusieurs motivations:

Ca craint en métropole pour le retraité...

-Certains, disons-le crûment, fuient leurs ennuis familiaux ou professionnels. Une prolongation du bagne? (si vous avez ri vous êtes guéri). C'est une très bonne décision pour la plupart. La distance est thérapeutique. On est sorti de la mauvaise pièce de théatre jouée en France. On a une chance de ne pas retomber dans le même rôle. Beaucoup la saisissent. Salutaire Calédonie. Il ne reste qu'un petit noyau dur au fond de soi, disons une cicatrice.
-D'autres ont l'esprit pionnier, espoir d'une vie meilleure, ou la bougeotte. Bon, la Calédonie ce n'est pas l'Afrique. Il faut monter un projet qui tient la route, et avoir quelques billes. Ces gens sont très motivés pour devenir calédoniens. Ils ne sont pas concurrents des kanaks, qui ne s'occupent pas du commerce, mais plutôt des autres zoreilles plus ou moins anciennement installés, et plus ou moins enclins au protectionnisme, à l'instar des immigrés français vis à vis des immigrés les plus récents. Que serait la vie sans un peu de concurrence pour se secouer les puces?
En résumé les zoreilles sont rarement des français sans histoire. Ceux-là ne font pas un demi-tour de globe juste pour avoir un peu moins froid l'hiver. L'insatisfaction des zoreilles est-elle la chance d'avoir une île moins assoupie, ou la malchance de provoquer des réactions épidermiques avec les autres ethnies?

Il y a des places plus difficiles à prendre que d'autres...

On peut garder les métropolitaines, pour la couleur locale?

 

Le contexte kanak est celui d'une culture (description ici) bousculée par les européens: elle n'a guère eu de temps pour s'adapter, et les jeunes en ont été éjectés. Beaucoup ne se sentent guère de points communs avec leurs aînés. Ils ont endossé la culture protestataire jamaïcaine comme un placage. Mais le lien n'est pas fait avec la coutume. On ne jette pas ses parents comme des malpropres, surtout quand ils sont gentils. Le kanak est une personne extrêmement sociable. Il a réussi à rendre stable sa société communautaire pendant des siècles alors que les blancs n'ont jamais pu en faire tenir une plus de quelques décades. La principale différence du kanak avec le polynésien est peut-être qu'il est très fier. Le polynésien réussit à rendre son mode de vie étanche au jugement du blanc. Le kanak supporte difficilement le mépris, mais plus encore l'indifférence. Des politiciens mélanésiens et caldoches qui se seraient volontiers affrontés sur un ring ont fini par devenir copains. Mais insupportable pour le kanak est l'attitude des zoreilles qui voudraient vivre en Calédonie en faisant semblant d'ignorer qu'il existe.

Le caldoche est également quelqu'un de particulièrement sociable et hospitalier. Comme il n'a pas l'imperméable du wallisien, il est moins étanche au jugement du zoreille. Il n'aime pas qu'on parle de ses ascendants bagnards. Aucune raison sur le fond, il n'y a pas de tendance génétique aux condamnations, surtout politiques! Mais il est pénible ce zoreille, à porter des jugements sur tout!.. Le caldoche est dans une situation identique à l'éleveur métropolitain face aux dictats parisiens et maintenant européens: il craint pour son mode de vie. Cela le rapproche beaucoup du kanak.
En fait les conflits ethniques s'estompent au profit des conflits sociaux. La brousse s'inquiète de la politique de Nouméa métropole. A Nouméa les inégalités sociales entre quartiers défavorisés et riches ghettos de zoreilles provoquent rancoeur et jalousie. De ce point de vue la Calédonie est réellement devenue européenne.

 

Est-ce si difficile de s'intéresser aux autres?

Et qu'en est-il des relations du caldoche avec son environnement?
(pardon, pardon...)

 

Voir aussi: Lettre d'un nouvel arrivant
et: Attention aux forums calédoniens

Un point en 2012 sur l'ambiance interethnique sur le blog VINCRE

Vol

Jusqu'aux années 80, rares étaient ceux qui verrouillaient maison ou voiture.
Le vol est malheureusement devenu un problème en Calédonie comme en métropole.
Pour ceux qui ont tourné sur l'outre-mer, rien à voir avec la situation caricaturale de Mayotte par exemple.
Et on en est pas encore au car-jacking comme en métropole.

Le vol n'est absolument pas dans la tradition kanak. Les vieux kanaks ne volent pas. Le kanak partage. Il attend des autres qu'ils proposent ce qu'ils possèdent. Il comprend mal qu'on refuse mais ne forcerait pas les choses, se contente de mépris.

Tout a changé dans les générations récentes. Les conditions idéales pour l'essor de la petite délinquance sont réunies: Les kanaks passent au mode de vie occidental. Peu ont les moyens de se l'offrir (ceux-là d'ailleurs le cachent). La fracture sociale est importante. Le "partage" forcé devient naturel.
Le vol est facilité par l'hostilité ethnique rampante, ostracisme des blancs pour les mélanésiens devenu l'inverse avec la montée en puissance des syndicats kanaks, également par les discours revanchards sur la colonisation. Les jeunes kanaks sont dans une impasse, n'accédant pas aux niches sociales qu'ils espèrent parce qu'ils n'en ont pas les compétences (concurrence d'émigrants plus compétitifs) , et cherchant à les obtenir de force (emploi local), ce qui bien sûr les déconsidère encore plus auprès des employeurs.

Pas de surprise: Le vol est comme partout lié à la vie économique locale.
La solidarité du vide fonctionne mieux que la solidarité de l'abondance.

Un switch surprenant entre communautés: Les wallisiens réputés chapardeurs trustent à présent les postes dans la sécurité, tandis que les kanaks réputés respectueux d'autrui remplissent de plus en plus les tribunaux.

En pratique, verrouillez toutes vos possessions, rentrez les vélos dans des endroits fermés. Ayez de la présence à la maison: femme de ménage... attention à votre choix: il y a une forte demande dans Nouméa sud -> les personnes compétentes et fiables sont difficiles à trouver. Une bonne solution si vous avez une grande maison est une sous-location de chambre (forte demande si le prix est raisonnable).

Hors de Nouméa les problèmes concernent surtout le vol de bétail.