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Ethnies |
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Au
recensement de 1996, la population était de 196 836 habitants,
contre 164.173 en 1989. Le dynamisme démographique est indéniable.
Le dernier recensement a été pratiqué en 2004. Ses
résultats ne sont pas encore connus et il a été l'objet
d'une polémique (l'origine ethnique a été retirée
du questionnaire sur demande de Paris alors que les différentes
ethnies souhaitaient compter leurs troupes) qui entache quelque peu sa
fiabilité. Près de la moitié de la population a moins
de 25 ans.
69%
de cette population est en Province Sud, 21% en Province Nord, 10%
en Province des Iles. Le Grand Nouméa fait à lui seul
60% de la population.
Par communautés ethniques, les
calédoniens sont répartis ainsi en 1996:
• Mélanésiens : 44,1%
• Européens : 34,1 %
• Wallisiens et Futuniens : 9%
• Tahitiens : 2,6%
• Indonésiens : 2,5%
• Autres : 7,5% |
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Les européens
comprennent:
-Les calédoniens blancs, les "caldoches",
descendants des colons arrivés de France, mais aussi d'Angleterre,
d'Allemagne et d'Italie à la fin du 19è siècle. Leur
attachement à la lointaine métropole est très élastique,
la plupart ne l'ont jamais visitée. Ils se sentent plus proches
de la communauté Pacifique, vont se faire soigner et passer leurs
vacances en Australie et en Nouvelle-Zélande. Ils ne sont cependant
pas partisans de l'indépendance, lucides sur la baisse du niveau
de vie qu'elle entraînerait, et ne tenant pas à se retrouver
seuls face aux mélanésiens encore très remontés
par leurs revendications foncières en particulier.
Parmi ces calédoniens de souche, il faut différencier le
"broussard", adepte d'un mode de vie campagnard traditionnel,
des "coups de chasse" ou de pêche, et les vieilles familles
calédoniennes qui tiennent les rênes de l'économie
locale, et comptent en leur sein un certain nombre de milliardaires...
-Les métropolitains, "zoreilles", fonctionnaires transitoirement
en poste sur le territoire. Malgré l'attrait de la vie calédonienne,
il faut une bonne motivation pour affronter certaines résistances
locales. Nous en parlons à la page installation.
-Enfin les métropolitains qui sont restés, ermites ou sociables,
fanas de sport et de nature, ancrés là par d'anciennes casseroles
ou le rêve du paradis, en résumé non conformistes
pour la plupart.
La société
mélanésienne
La cellule traditionnelle du monde mélanésien
est constituée par le clan, groupement de plusieurs familles,
représenté par la case bâtie autour d'un poteau
central, à l'image des familles évoluant autour du chef
du clan. Entre les clans se constitue un réseau d'échanges
et d'alliances, allant du troc de nourriture aux alliances matrimoniales.
Les clans sont issus d'une terre et considèrent les territoires
calédoniens comme des lieux chargés de significations
mythiques plutôt que comme des propriétés. L'ancienneté
est l'assise du pouvoir: les premiers arrivants sont les seuls à
s'être concilié la bienveillance des génies et
dieux pour garantir la réussite de la chasse et des plantations.
La situation du chef, souvent étranger à la communauté
qui l'accueille, est fragile: objet d'un compromis entre les clans,
il peut être rejeté n'importe quand par ceux qui l'ont
mis en place. |
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Flèche faîtière
de maison cérémonielle kanak en bois de houp, hauteur
1 m, début 19è siècle, Canala
Musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie, Paris
La grande case est le lieu de pouvoir du chef de
clan kanak. La flèche faîtière et le chambranle
en sont les principaux emblèmes.
La porte de la case est basse: 1 m50. Elle oblige les visiteurs
à être vus et à s'incliner en signe de respect
pour les occupants de la case.
L'ossature intérieure a également une valeur symbolique:
les troncs représentent les lignées du clan et se
réunissent au faîtage autour du poteau central/ chef
de clan.
La flèche se compose d'un visage central, d'un tronc-pied
qui la rattache au sommet de la case, et d'aiguilles décorées
de coquillages. Le style varie selon la région de Calédonie
(à gauche une flèche du centre, à l'extrême
droite une flèche du nord).
La case est parfaitement adaptée au climat
local. Sa forme ronde et sa flexibilité donne peu de prise
aux cyclones. La forte pente du toit assure un écoulement
des eaux rapide et évite le pourrissement. La paille est
un bon isolant thermique. |
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Chambranle de grande
maison cérémonielle, hauteur 1 m 83, 17è siècle
Le bois de houp, un arbre séculaire, est utilisé
en raison de sa forte valeur symbolique: les sculptures, flèches,
chambranles, poteaux intérieurs, sont associées aux
esprits des ancêtres.
La construction de la cas est un ouvrage collectif:
les femmes arrachent la paille et l'amènent sur le site,
les vieux fabriquent les lianes d'assemblage, décortiquent
les bois et les sculptent, les hommes coupent les troncs et font
la construction. Des gestes rituels coutumiers accompagnent les
étapes importantes de la construction pour matérialiser
la présence des ancêtres et assurer le bien-être
futur de ses occupants.
Flèche faîtière de
maison cérémonielle
hauteur 2 m 28 , début 15è siècle
Nord de Grande-Terre
Muséum national d'histoire naturelle, Paris |
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L'univers mélanésien fut profondément
déstabilisé par la colonisation et, en particulier, ses
implications foncières.
Consciente toutefois du danger de la désagrégation des structures
traditionnelles, l'administration de Napoléon III donna une existence
légale au 19è siècle à la tribu, qui regroupe
en un lieu les membres d'un ou de plusieurs clans. Cette disposition fut
complétée par les districts, groupements de tribus placés
sous l'autorité de grands chefs. Les autorités coutumières
ont vu leur rôle accru, en particulier après 1988, année
du découpage du territoire en huit aires représentées
par des conseils coutumiers, et de la création d'un Conseil consultatif
coutumier. Le Sénat coutumier l'a remplacé après
l'accord de Nouméa. La Nouvelle-Calédonie compte actuellement
57 districts et 340 tribus, dont 14 dites "indépendantes",
hors du ressort des districts.
La coutume constitue le fondement du lien
social mélanésien, comme dans les autres sociétés
océaniennes : terme polysémique, elle désigne à
la fois le code oral qui régit la société kanak et
le "geste coutumier", remise de présents et échange
de paroles d'amitié à l'occasion d'une visite chez un hôte
mélanésien. L'autorité coutumière appartient
en premier lieu aux chefs de tribu. La coexistence entre cette autorité
et l'administration n'a pas toujours été facile. La désignation
des autorités coutumières se fait de manière traditionnelle,
est constatée par le Sénat coutumier, qui en avertit le
gouvernement de Nouvelle-Calédonie. L'autorité coutumière
demeure, localement, le lien indispensable avec les pouvoirs publics.
Le syndic aux affaires coutumières est le trait d'union entre tribu
et administration. Il officialise les décisions de la tribu dans
un procès-verbal de palabre. Ce rôle est assuré actuellement
par la gendarmerie. Plus de détails
sur la coutume...
Mais si
l'existence des autorités coutumières est admise,
la répartition des compétences avec le droit français
reste un sujet de débat et de conflits. Lorsqu'un kanak commet
une infraction, il s'expose à une double sanction, l'une
pénale au titre du droit français, l'autre coutumière.
Le résultat du jugement peut être très différent.
Il arrive qu'un chef soit condamné par les tribunaux pour
avoir appliqué le droit coutumier.
La fréquence des litiges fonciers ont conduit certains grands
chefs à demander un cadastre coutumier en remplacement des
procès-verbaux de palabre relatifs à la terre. Son
application est loin d'être généralisée,
mais enregistre des progrès.
Carte des aires coutumières |
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La reconnaissance du rôle de la coutume
s'accompagne, parallèlement, d'un éloignement croissant
de la jeunesse mélanésienne de ses valeurs. C'est essentiellement
la séduction de la vie occidentale, accompagnée de la propriété
des objets, qui les y poussent. Les autorités coutumières
accentuent le mouvement par leur conservatisme. Le clientélisme
existe aussi chez les kanaks! Le poids de l'entraide envers les siens
est difficilement supporté par les jeunes qui réussissent
une formation professionnelle, et apprennent en même temps l'individualisme.
Ce problème est débattu au sein des grandes chefferies,
conscientes de la nécessité de moderniser la coutume pour
en assurer la perennité.
La coutume assure-t-elle la cohésion du monde
kanak?
Pas vraiment. La hiérarchisation et la codification marquée des rapports
entre kanaks les facilitent en l'absence de problème, mais entravent
la recherche
d'une solution aux conflits. Toute "l'unité" kanak est résumée par exemple dans
la "Fédération des Comités de Coordination
Indépendantistes de Nouvelle-Calédonie" ! ...
La femme
a une place discrète au sein de la société mélanésienne.
Intelligente, elle va pourtant rarement prendre spontanément
la parole ou intervenir dans une conversation. Elle attend qu'on lui
propose clairement une ouverture, ne se met pas en opposition. C'est
une société
très patriarcale, où l'importance de la femme passe par
son rôle d'épouse. Un homme célibataire a peu d'influence:
n'assurant pas sa descendance, il ne peut pas participer aux compromis
au sein des clans. La femme influence les décisions de son mari
sur l'oreiller.
C'est une situation qui heurtera certaines zoreilles. N'oublions pas que
les françaises fonctionnaient de la même façon il
n'y a pas si longtemps, un clin d'oeil en termes d'évolution de
culture. C'est aux mélanésiennes de gagner leur indépendance
si elles le désirent. Leur société est déjà
bien bousculée avec les jeunes qui abandonnent la coutume.
La violence conjugale n'est pas rare et est une violence à fondement
social, apanage des quartiers difficiles de Nouméa. De ce point
de vue, on ne peut pas dire que le contact avec la société
occidentale et ses fractures sociales aie amélioré la condition
féminine...
Cependant les choses évoluent lentement. La loi sur l'IVG a fini
par être appliquée sur le territoire... 20 ans après
la métropole. Les femmes accèdent aux responsabilités.
Marie-Noëlle Thémereau assure la présidence actuelle
du gouvernement calédonien.
1 réaction et sur le blog: Emancipation féminine 1 et 2
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Autre différence importante
pour comprendre la société mélanésienne:
toute la tradition repose sur l'oral. L'écrit occidental ne
représente toujours rien pour beaucoup de kanaks. Certains
sont authentiquement surpris quand ils achètent à crédit,
qu'ils partent avec la marchandise en ayant laissé la première
mensualité, et qu'on leur réclame les suivantes en agitant
le contrat signé sous le nez: ce papier n'a pour eux aucune
valeur et ils ressentent une profonde injustice si l'on s'en sert
pour les faire condamner. Il vaudrait mieux leur faire bien comprendre
à quoi ils s'engagent et leur demander leur parole, il y aurait
plus de chances de voir les échéances honorées.
Mais les temps changent, et ce qui est encore vrai en tribu ne l'est
plus dans la cité.
Les lois mélanésiennes ne sont pas écrites. Tout
repose sur la confiance dans les accords et la parole des clans. Les
fautes ne sont pas les mêmes que pour la loi française,
la gradation des sanctions non plus. Il y a très peu de fautes
graves chez les mélanésiens, les abus sexuels n'en sont
pas. Mais on peut tuer pour le non-respect de la parole donnée.
Gardez-vous de juger une culture à l'aune d'une autre. Ce système
a bien fonctionné. Les mélanésiens sont beaucoup
plus solidaires que les occidentaux. Et on ne peut pas dire que la
justice blanche soit exempte de ratés...
Mais pour s'adapter au monde occidental, la société
coutumière devra se complexifier et se stratifier. L'oral ne
peut plus suffire, il y a un gros travail à faire pour que
l'écrit gagne la même valeur symbolique. Pour les anciens,
c'est la même transition que le sexagénaire qui se retrouve
pour la première fois devant un écran d'ordinateur.
Le gros handicap de la société mélanésienne,
c'est son fondement clientéliste. Le clientélisme sans
propriété, c'est la solidarité. C'est chaleureux
et ça fonctionne harmonieusement. Le clientélisme avec
l'argent occidental, c'est l'injustice et l'exploitation. Peut-on
quitter l'omniprésent premier, sans tomber dans le facile second? |
Les asiatiques
Indonésiens et vietnamiens pour la plupart, c'est
une petite communauté discrète et efficace, qui tient la
majorité des petits commerces. Ils se tiennent soigneusement à
l'écart des conflits ethniques.
Dragon de l'Amicale vietnamienne
Commentaires
Bonjour,
Je suis moi-même calédonienne, métisse kanak qui plus est, née en NC où je vis toujours. Je ne doute pas des recherches que vous avez fait afin de nourrir les pages de votre site, je tenais simplement à rajouter quelques éléments à vos informations...
Premièrement, ce que vous dites des caldoches n'est pas loin de l'euphémisme. Certes, certains liens leur restent encore de cette France que leurs aïeuls ont quittés parfois les chaînes aux pieds, mais pour le plus grand nombre d'entre eux, les nouveaux venus européens sont vus d'un oeil suspicieux et dédaigneux. Ils n'apprécient parfois pas plus les européens que certains extrémistes kanaks le font... mais j'imagine qu'ils doivent se sentir entre Caribde et Scylla en ce qui concerne l'indépendance et veulent choisir le moindre maux.
Pour ce qui est de la société kanak, celle-ci n'est pas véritablement patriarcale, en vérité, elle est utérine, c'est-à-dire que ce sont les membres masculins de la famille de la femme qui ont le plus de poids dans la balance. C'est aux oncles d'une femme ou d'un jeune homme, qu'une famille s'adresse lors de coutumes. Ce sont eux qui parlent en premier lors de coutumes etc.
Ensuite, la désignation par districtes et aires afin de clarifier les "zones" différentes en NC n'ont pas vraiment été créé en faveur des kanaks, aussi loin qu'une enfant métisse telle que moi (je dois avouer que mon avis doit être subjectif ayant grandi dans une famille totalement indépendantiste...) peut y voir, elles ont cantonné les kanaks a des zones, leur faisant perdre certaines traditions, telles que les "routes coutumières" qui liaient parfois des tribus éloignées de plusieurs centaines de kilomètres, mais ce serait refaire un cours d'histoire que de raconter tout cela...
Toujours est-il que vos informations sont tout de même très fournies et quant à l'implication des populations asiatiques, celles-ci sont parfois prises à parties par les plus xénophobes ou les plus retords, bien que comme vous l'indiquez, elles tentent de rester hors des conflits...
J'ai également quelques revendications (désolée de ce mot un peu fort pour ce qu'il désigne) en ce qui concerne la musique décrite. Vous ne dépeignez là que des musiques des îles qui bien que très présente ne sont pas les seules. Les groupes pullulent également sur la Grande Terre, même si parfois assez engagées.
Si vous me le permettez, je me contenterais de vous en citer quelques uns des plus connus dans le genre Reggae ou Kaneka : Vamaley, J.V.D.K., Vhirin, Nemegui, Nepishoo, Alan Lion mais également bien d'autres...
Bien à vous
C.B.
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