Rêve Calédonien accueil - Tourisme - Installation - Blog - Ventilationnisme - Liens

Avis aux visiteurs: Si les avis exprimés ici vous paraissent tendancieux, n'hésitez pas à donner votre opinion au webmaster:  

Les fonctionnaires sont-ils trop payés outre-mer?

Le mode de désignation des fonctionnaires pour l'outre-mer est, nous employons rarement ce terme sur le site, complètement aberrant.
Il est quasi-militaire dans tous les ministères. Il date de l'époque où, l'outre-mer étant un pays en voie de développement, il fallait compenser la perte du niveau de vie métropolitain. Encore actuellement il donne l'impression d'un certain mépris des hauts-fonctionnaires métropolitains pour les sociétés outre-mer, comme si leur qualité de vie et leur niveau de civilisation étaient loin d'atteindre ceux de la France.
 

-La seule enquête de motivation est de s'inscrire sur la liste des candidats à l'expatriation. La principale incitation à partir est financière: traitement majoré de 70%, déménagement (largement) payé (si on prend le forfait et qu'on se débrouille soi-même on peut récupérer les 3/4 de la somme), voyages bisannuels vers la métropole offert à toute la famille, majoration de points de retraite.

-Après c'est l'ordinateur qui fait le boulot: ancienneté, type de poste, échelon, points pour rapprochement de conjoint: le calcul est mathématique. Et voici notre fonctionnaire parachuté dans un pays qu'il découvre souvent pour la première fois.
Bon, la Calédonie, ce n'est pas un enfer. La plupart s'y plaisent et s'y font d'excellentes relations. Mais ce n'est pas non plus seulement le paradis tropical que découvrent les touristes. Il faut affronter la méfiance initiale de ses collègues et de la population locale. Il y a eu, et il y a toujours, des rapports conflictuels, nés de gens qui mettaient plus en avant leur diplôme ou la hiérarchie que leur compétence. Le renouvellement tous les 2 à 4 ans des fonctionnaires n'aide pas à tasser ces difficultés. Dans une société de niches individuelles que connaissent les îles, il n'est pas évident que le remplaçant va occuper la même. Il y a donc toujours une période d'observation. Les fonctionnaires qui ont déjà travaillé outre-mer la connaissent bien et vont accepter de s'y conformer plus facilement.

L'incitation financière a des effets catastrophiques sur les économies des îles. Le fonctionnaire métropolitain va percevoir un salaire double du local pour faire la même chose. Le local râle, c'est compréhensible. Le seul moyen pour éviter qu'il râle trop est de subventionner son emploi, ce qui le rend fragile. L'économie des îles, on l'imagine bien, a mieux à faire que subventionner ses propres fonctionnaires. Le pourrissement des rapports sociaux entraîné par les incitations financières est bien plus péjoratif pour l'outre-mer que l'apport de devises représenté par ces hauts salaires, qui ne sont jamais entièrement dépensés sur place...
L'Etat français, s'il souhaitait réellement que les territoires d'outre-mer accèdent à l'auto-suffisance, devrait subventionner des missions d'expertise et de formation, ouvrir plus facilement ses écoles, qui favoriseraient la mise à niveau de l'emploi local sous-qualifié, mais sans interférer avec la politique de l'emploi sur le territoire.

Les fonctionnaires se plaignent volontiers du coût de la vie sur place, et parfois de la perte d'un salaire pour le couple, pour justifier leurs émoluments.
La perte d'un salaire est un vrai problème, peut-être moins par la baisse de revenu que par les difficultés personnelles qu'entraîne un chômage forcé. L'administration devrait prendre en compte cet aspect, soit en favorisant les célibataires, soit en recherchant activement des emplois sur place pour les conjoints.
Le coût de la vie n'est une difficulté que lorsque l'on garde ses habitudes de consommateur métropolitain. La seule dépense incontournable est le loyer élevé, mais les logements de fonction y pallient. Pour le reste il faut accepter l'idée de ne plus remplir d'énormes caddies de marchandises pas toujours indispensables et vite remplacées. Est-ce vraiment un mal? C'est un autre débat.

Des propositions pratiques:
-Pas d'uniformisation des incitations financières pour l'outre-mer: aucun motif à ces sur-salaires si les listes d'attente sont pleines. Et si ce n'est pas le cas, mieux vaut faire de la pub: beaucoup de gens seraient motivés s'ils étaient au courant.
-Indexation glissante en fonction du niveau de salaire: les tomates ne coûtent pas 2 fois plus cher à celui qui a un salaire double de son collègue.
-Si des avantages matériels doivent être proposés, qu'ils n'influencent pas la politique locale de l'emploi: avantages pour la retraite ou la carrière future en métropole, mais pas de sur-salaire.
-Enquête de motivation: privilégier les "adeptes" de l'outre-mer, habitués aux particularités locales et ayant laissé des traces favorables de leur passage; privilégier ceux qui ont fait un voyage à titre personnel et pris des contacts avec l'administration locale.
-Attacher plus d'importance aux souhaits de l'administration locale.

Un débat sur le sujet sur l'Express
En gros, un décideur apporte de vrais arguments contre l'indexation, un syndicaliste dit court: "Ce ne serait pas sympa pour les fonctionnaires d'abolir l'indexation"

Terminons sur une note plus positive et une égratignure digne du Chien Bleu:
Les fonctionnaires en poste temporaire sur le Territoire ont l'énorme avantage d'être peu influencés par les réseaux locaux. Etant donné le poids de la corruption et du clientélisme en outremer, en Calédonie comme ailleurs, leur indépendance est une bouffée d'oxygène pour la gestion du pays. Cela explique aussi les réactions épidermiques qu'ils provoquent... On ne peut en effet espérer un sauvetage par les blancs qui profitent de la situation actuelle, ni par l'arrivée aux affaires des kanaks, dont la société est également très très clientéliste, et qui se gardent bien de protester vigoureusement quand ils accèdent au fromage.