Le
Dr JPL critique un article paru dans les Nouvelles Calédoniennes:
le président du syndicat des médecins libéraux s'élève
contre le projet du gouvernement d'imposer un ticket modérateur
de 10% aux malades remboursés jusqu'ici à 100%. L'article
titre "LES médecins défendent les grands malades" alors
que JPL trouve la sortie un peu démago et donne l'impression que
les médecins veulent surtout protéger leurs patients les
plus "rentables".
Le président du syndicat aurait pu recevoir les 2 lettres suivantes,
oeuvres achille-talonesques du Dr ES, l'une de soutien à JPL,
l'autre totalement en faveur du président: Pas de jaloux!
Lettre 1
Si mon confrère et ami a mis ses gros sabots dans le plat,
permet-moi d’en rajouter une couche. Ton petit syndicat d’épiciers
dont tu es le porte-langue de bois a beau utiliser les arguments les
plus étriqués pour maintenir à niveau ses étiquettes
de prix, qui est encore dupe ? Ton discours est celui d’un naïf
ou d’un cynique, montrant bien dans son inquiétude que
les tiers-payants sont devenus le fonds de commerce obligatoire de
la boutique médicale.
Il appartient pourtant aux médecins d’ouvrir le débat
et proposer des idées nouvelles pour essayer, s’il en
est encore temps, d’éviter le naufrage du système
tout entier, système dans lequel, d’acteurs, nous sommes
devenus au fil du temps de pathétiques marionnettes, manipulées
par les industriels de la santé d’un côté et
tenus à la gorge par les caisses de l’autre. Pourrons-nous
encore longtemps continuer cette fuite en avant qui est de prescrire
toujours plus et toujours plus cher pour multiplier toujours plus la
quantité de consultation journalière au détriment
de la qualité ?
A ce rythme, la médecine sera bientôt la première
cause de mortalité. Car les malades sont de plus en plus nombreux
et continuent de mourir autant, que je sache, et pour un coût
de plus en plus exorbitant. La recherche médicale serait-elle
vraiment devenue la recherche de nouveaux patients, comme l’ironisait
Pierre Dac il y a quelques années ? L’explosion des coûts
de nos prescriptions fait que nous ne devons notre survie qu’à l’existence
du tiers-payant et nous nous plaignons maintenant que les caisses nous
tiennent au portefeuille. Le tiers-payant a déresponsabilisé le
patient au grand profit du lobby techno-pharmaceutique dont les bénéfices
explosent et les médecins sont les grands bouffons de la farce,
ne parvenant à grappiller au passage que les miettes, s’en
plaignant, et mettant une fois de plus à nu leur cupidité intrinsèque.
Dé-confraternellement
Lettre 2
Mon cher Ronan
Félicitations pour avoir remis à sa place ce jeune paltoquet
mal dégrossi originaire de métropole et bravo pour cette
nouvelle et inespérée augmentation d’honoraires
arrachée à la Caisse. Je vois que nous avons misé sur
le bon cheval en te confiant les intérêts de notre confrérie.
Il va également de soi que le combat prioritaire reste la sauvegarde
absolue du tiers-payant intégral qui est le fonds de commerce
de tout cabinet médical en bonne santé. Si nous avons œuvré depuis
tant d’années à augmenter le nombre de patients
pris en tiers-payant, ce n’est pas pour voir ce privilège
remis en question.
Une fois trouvée sa pathologie dans la liste, le patient codifié doit être
vu en consultation autant de fois que juge le médecin et doit
continuer à ignorer ce que nos prescriptions coûtent à la
collectivité ainsi que le bien-fondé de toutes ces prescriptions.
Celles-ci sont nécessaires à notre économie et à l’expansion
boursière des industries pharmaceutiques et technologiques,
fer de lance du progrès médical. Le patient nous est
déjà suffisamment reconnaissant de pouvoir accéder
librement et gratuitement au Grand Supermarché de la Santé pour
en demander plus…
Et que ceux, parmi nos confrères idéalistes, qui osent
encore nous accuser de cupidité comprennent bien que nous faisons
partie d’un Grand But dépassant largement les misérables
plaintes individuelles de nos patients. Ce but est le contrôle
des mécanismes de la Vie par l’Homme, et il nécessite
de l’argent, beaucoup d’argent. Qu’en attendant,
les malades soient toujours aussi malades et meurent toujours autant
pour un coût de plus en plus exorbitant n’est qu’une
réalité naturelle et, dirais-je presque, une nécessité.
Après tout, les malades sont souvent des imbéciles, tu
le sais autant que moi et la loi naturelle est cruelle et égoïste.
Il appartiendra aux élites futures de changer cette loi lorsque
nos efforts auront abouti.
Je te renouvelle ma confiance et espère te voir longtemps siéger à la
présidence de notre syndicat.
Bien confraternellement
Herbert Schmuck
^haut
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