St-Pierre et Miquelon
Minuscule territoire français niché
sous Terre-Neuve, St-Pierre et Miquelon (SPM) sont peuplées d'anciens
acadiens, bretons, normands et basques venus pêcher sur les bancs.
Port de St-Pierre - Soleil et brumes
 
St-Pierre, 6.000 habitants,
le port principal, est sur l'île du même nom, la plus petite
(5 kms sur 3). Miquelon comporte un village de 600 habitants à
son extrémité nord. Langlade, la 3è île, est
reliée à Miquelon par un immense isthme sableux qui s'est
formé sur les vieilles épaves échouées sur
les hauts fonds; c'est l'île-jardin, parc de ballade et de chasse
au chevreuil, ne comportant que des résidences secondaires sur
son pourtour.
La principale ressource, la pêche, a périclité avec
la hausse des salaires, tirés vers le haut par les surprimes des
fonctionnaires de métropole, et avec l'extension des eaux territoriales
à 200 miles et le contrôle par les canadiens de la ressource
halieutique. SPM est à 20 kms seulement des côtes de Terre-Neuve
et les bancs sont en plein dans ces eaux. La pêche industrielle
internationale (même les coréens viennent ici) a fortement
raréfié le poisson et les canadiens ont instauré
des quotas. La question des eaux territoriales propres à SPM a
été tranchée à New-York par un tribunal international,
pas favorablement aux St-Pierrais, peu nombreux, vivant déjà
de l'aide de la métropole et non plus de la pêche, et peu
soutenus par un gouvernement français occupé à vendre
des Airbus aux canadiens.
Peu après, un gisement de pétrole sous-marin a été
découvert, en partie dans les eaux restant à SPM, qui bénéficie
des retombées de l'exploitation par les canadiens, surtout en royalties
et un peu de l'activité des plates-formes.
 
Le climat est froid, bien que les îles soient peu nordiques (St-Pierre
est à la latitude de Tours). Mais, si le Gulf Stream réchauffe
les côtes européennes, SPM est baigné par le courant
du Labrador, qui descend de l'océan arctique. La fonte des glaces
amène de superbes icebergs au printemps, et parfois bloque entièrement
l'archipel. Ce courant est aussi responsable des brouillards fréquents.
Il n'est pas rare de passer des semaines entières sans voir le
ciel d'avril à juin.
Iceberg géant derrière l'île
aux Marins - Automne sur le plateau de St-Pierre
 
De St-Pierre, il faut lire les bouquins d'histoires du cru et écouter
les vieux, qui ont connu l'époque difficile où les familles
de pêcheurs survivaient sans beaucoup d'aide sur ces îles
peu hospitalières. Il n'en reste plus beaucoup. Les jeunes générations
ont domestiqué le climat et vivent à la canadienne. Elles
sont marquées par l'assistance de la métropole, qui comme
partout outremer empêche de rentabiliser les créations économiques
locales, sauf en subventionnant fortement la production. Les autres problèmes
sont les mêmes qu'ailleurs: alcoolisme, drogue, obésité.
Certains gardent cependant un tempérament authentique d'entrepreneurs,
de marins ou de chasseurs.
Etang gelé - Palette de couleurs
célestes
 
Une courte visite à St-Pierre et Miquelon n'offre aucun intérêt:
pas de paysages inoubliables, pas de grandes animations folkloriques,
mer froide même en été. Seuls les proches canadiens
peuvent apprécier de découvrir la vie à la française
à la porte de chez eux, mais comme le billet d'avion pour la métropole
coûte le même prix... En fait SPM se découvre au fil
des saisons. Il est très enrichissant d'y passer une année
ou deux: on découvre alors le charme de cet archipel et de ses
activités: pêche en mer ou sur les très poissonneux
lacs de Terre-Neuve toute proche, chasse au chevreuil, plongée
pour ramasser les homards, ski de fond, patin à glace sur les étangs
gelés (s'il n'y a pas eu de vent le jour du gel), observation des
phoques au Grand Barachois et des harfangs (chouette arctique) dans leur
robe hivernale immaculée, 25kms de Miquelon (course sur l'isthme
entre Langlade et Miquelon), récolte des myrtilles sauvages et
des platebières (mûre arctique) sur la lande...
Les glaces... alourdissent les bateaux et
bloquent le port
 
Les relations entre les gens du cru et les métropolitains en poste
temporaire sur l'archipel (les "mailloux") sont aussi électriques
que dans les autres DOM-TOM. Comme quoi les différences ethniques
ne sont pas la bonne explication: à St-Pierre, c'est du Poirier,
du Martin, du Letournel... pas beaucoup d'exotisme génétique!
Mais l'élitisme du métropolitain ne fait nulle part bon
ménage avec le communautarisme des iliens, surtout quand les critères
de jugement sont fortement divergents: la culture des St-Pierrais est
plus proche de celle des canadiens que des métropolitains. Mais
jamais Toronto ne leur donnerait autant de sous...
Ile aux Marins - Isthme de Langlade
 
Iceberg - Récolte de platebières
 
 
Harfang dans sa robe hivernale
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